Depuis le 19 mai dernier, une capture d’un communiqué, visiblement attaché à une valve, attribué à l’Inspection Général du Travail en RDC (IGT), circule sur les réseaux sociaux, en particulier sur WhatsApp. Ce document officiel appelle les administrateurs de groupes WhatsApp et Facebook à transmettre leurs données personnelles à l’institution, notamment leurs noms, prénoms, numéros de téléphone, matricules, etc. Cette diffusion a rapidement suscité des inquiétudes. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont interprété ce message comme une tentative de contrôle des communications privées. Dès lors, Eleza Fact a entrepris de vérifier l’authenticité du communiqué en consultant directement l’IGT afin d’éclairer les lanternes et de comprendre à qui il s’adressait réellement et dans quel but pour éviter toute confusion.
Origine de l’information
Le communiqué, identifié par le numéro 22/MIN-ET/IGT/DAF-AMZ/KNM/008/2025, a été repéré par l’équipe de veille d’Eleza Fact dans le groupe WhatsApp « Trouve ton job facilement », un espace public comptant plus de 970 membres.
Le document relayé sous forme d’une photo, vraisemblablement prise sur un tableau d’affichage, demandait explicitement à « tous les Administrateurs des Groupes des Réseaux Sociaux (WhatsApp, Facebook…) » de communiquer leurs noms, matricules, fonctions, grades et juridictions administratives dans un délai de 48 heures au Service administratif et financier de l’Inspection Générale du Travail.
Le 21 mai, l’internaute Mpoyi Jojo (lien archivé) a publié sur X (anciennement Twitter) le même communiqué, en y ajoutant ce commentaire : « L'inspection générale du travail convie les administrateurs whatsapp que nous sommes à communiquer nos noms, matricules et fonctions au service administratif et finances dans un délai de 48h. Il n'y a pas de sot métier na confirmer yango lelo. Tout travail mérite un salaire », en français : « … Il n’y a pas de saut métier je le confirme aujourd’hui. Tout travail mérite un salaire ».
À la date du 24 mai 2025, ce post a été vu 910 fois, selon les statistiques de la plateforme.
En effet, le document ne précisait à aucun moment s’il s’adressait à des groupes internes à une structure publique ou à tous les administrateurs de groupes des réseaux sociaux du pays. Cela a favorisé une lecture généralisée et erronée de son contenu.
Capture du communiqué erroné repéré par Eleza Fact sur la page x de Mpoyi Jojo
Ce que nous avons trouvé
Eleza Fact a contacté l’Inspection Générale du Travail. pour vérifier l’authenticité du document. L’Inspecteur Elisha Senda, basé à la direction provinciale de Kinshasa, nous a confirmé que le communiqué était authentique, mais mal formulé. « C’était vraisemblablement une erreur. Il s’agissait des administrateurs des groupes WhatsApp de la structure, en vue de gérer les informations qui y étaient véhiculées », nous a-t-il expliqué.
Autrement dit, la note visait uniquement les agents de l’IGT administrant les groupes internes à l’institution. En effet, selon ses explications, elle visait à encadrer la diffusion d’informations au sein de ces espaces de communication professionnels. Le communiqué a été publié de manière précipitée, sans mentionner clairement cette précision.
Un communiqué rectificatif a été diffusé quelques jours plus tard pour clarifier que cette demande ne concernait ni les groupes WhatsApp publics, ni les administrateurs de groupes extérieurs à l’administration.
Capture du communiqué rectificatif envoyé par l’inspecteur Elisha Senda à Eleza Fact
Pourquoi est-ce trompeur ?
Le document est bien un communiqué officiel, émis par une autorité compétente. Toutefois, l’absence de précisions dans sa rédaction a conduit à une interprétation erronée. En l’absence de contexte, le public a cru que l’IGT exigeait les données personnelles de tous les administrateurs de groupes WhatsApp à l’échelle nationale.
Verdict : Partiellement faux
L’enquête d’Eleza Fact révèle que le communiqué est bien réel et signé par un chef de service de l’inspection générale du travail en fonction. Toutefois, l'inspecteur Elisha que nous avons contacté a avoué qu’il a été mal formulé, ce qui a conduit à une interprétation incorrecte. Il ne s’adressait pas aux groupes WhatsApp du grand public, mais exclusivement aux groupes internes à l’IGT. L’institution a reconnu cette erreur de communication et a rapidement publié une note rectificative.
Ce cas illustre l’importance d’un esprit critique face aux documents diffusés en ligne. Même lorsqu’un document semble officiel, il est essentiel de s’interroger sur sa cible, son contexte et les intentions de l’auteur. Une erreur de formulation, comme ici, peut alimenter une vague de désinformation involontaire. Les institutions publiques doivent veiller à rédiger des messages clairs, et les citoyens doivent prendre le temps de vérifier avant de partager.